Désertion

J’ai tous les affluents du monde

Sous mes paupières menteuses

Toutes les misères immondes

Mortellement silencieuses

Un rictus fait barrage

Les apparences l’obligent

La vie qui coule est un mirage

Au fond du désert qui m’afflige

La conscience est une peine

Parfois pire que l’ignorance

Elle vous prend et vous entraîne

Aux fonds des bas-fonds des non-sens

Le banal est au quotidien

Un triste et long fleuve sans phares

On le qualifie de destin

Comme pour éviter de le voir

Bien sûr la vieillesse est sans arme

Bien sûr la jeunesse est dopée

C’est le technologique drame

Celui du silence obligé

Moi qui suis sobre d’illusions

J’ai les pupilles usées au vif

J’ai tous les sens en bataillon

Mais le soulèvement tardif

J’étais si seul sur le front

C’est ton confort qui t’embrigade

Pour mener la révolution

Il eût fallu des camarades

Il me faut maintenant retraiter

Avant l’heure de ma retraite

Tous les espoirs s’en sont allés

Le jour où la nuit s’est défaite

Je suis revenu éclopé

De cette guerre sans combats

Lâche déserteur d’armée

De celle qui n’existera pas

Soldat déchu bien avant d’être

Héros ou malheureux vaincu

Désabusé d’avoir vu naître

L’ère de « l’homo-sans-but »

Il ne me reste que l’exil

Pour fuir et me soigner la honte

Me reste peut-être ton île

Et enfin l’amour que j’escompte

C’est le dernier de mes assauts

C’est ma dernière bataille.

Le tout dernier des soubresauts

D’une âme toujours en chamaille

Je serai demandeur d’asile

J’arrive au pays de ton cœur

Gilles St-Onge

Publié par

Le poète insoumis

Gilles St-Onge : Né à Montréal en 1964. Poète autodidacte. Il tient le blogue « Le poète insoumis » sur lequel il propose une poésie à la fois engagée, intimiste et critique.

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