Le boulet

Je traîne à la main un boulet

Une entrave au pied de mes vers

Mes mots ont été mis aux fers

Et à la geôle mes sonnets

 

Toutes les choses que je tais

Viennent se placer en travers

Du poème que je devrais faire

Et que je censure en secret

 

Tant que la chose n’est pas dite

Même à couvert à demi-mot

Tant que je porte le fardeau

De cette pensée interdite

 

Tant que cette image m’habite

Même en silence même en écho

Et que subsiste ce caillot

J’aurai la plume Carmélite

       

                  ***

Ô chemin de croix du poète

Ardu sentier du cœur à l’œil

Crois-tu que je sois sans orgueil

Devant cette page indiscrète

 

Croirais-tu ma pudeur muette

Au point de faire pour un recueil

L’étalage de mes écueils

Et de mes rêveries secrètes

 

La poésie je le concède

Se construit de ces escarbilles

Des petites flammes qui vacillent

Mots et maux d’amour sans remède

 

Des cent démons qui me possèdent

Elle est la chef d’escadrille

Le général du soir qui brille

Cette inspiration qui m’obsède

 

Pour obtenir la délivrance

Il faut parfois savoir tricher

Il faut parfois sur le papier

Savoir parler de ses silences

 

Faire sans faire des confidences

Tout est dans la subtilité

Entre les lignes est camouflé

Lucifer dans toutes ses nuances

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié par

Le poète insoumis

Gilles St-Onge : Né à Montréal en 1964. Poète autodidacte. Il tient le blogue « Le poète insoumis » sur lequel il propose une poésie à la fois engagée, intimiste et critique.

8 réflexions au sujet de “Le boulet”

  1. Joli texte … mais, tu reste toujours dans une certaine mesure, dans la servitude… l’asservissement de ta poésie l’empêche de pousser tout son souffle , celui de la tempête et du dérangement. Libère toi de la camisole de la rime. Seule la liberté doit te guider vers les sentiers de l’ insoumission!!!
    Courage et merci…

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    1. La rime n’est pas, de mon point de vue, une servitude. Une discipline certes mais une servitude non. Elle exige un effort supplémentaire qui m’enrichit à de multiples points de vue. J’y prends un sincère plaisir. J’aime passer plusieurs heures à la retourner jusqu’à ce que j’en arrive à trouver la formule qui traduit le mieux ma pensée.
      La prose est à la mode et je suis un insoumis. Insoumis au point de me soumettre au classicisme quand la nouveauté est à l’ordre du jour… 😉

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  2. J’ai beaucoup aimé ce texte ( et ses rimes 😉 ) pudique, secret et confidentiel à la fois . Pour moi la poésie c’est superposer une vérité personnelle à une autre indicible plus intime … avec les mots et les formules qui font « délice et frisson en nous » … peu importe la mode et le « goût du jour » et que le lecteur s’en empare , les incorpore, les goûte et les mêle à sa propre histoire ; à sa poésie intérieure. Merci pour ce poème qui soulève des parts de lumière dans l’ombre et vice versa .

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