Je parle de vous et de rien
Des riens surtout un peu de toi
Qui est ou qui n’existe pas
Qui est espoir ou déception
Qui réinvente mes saisons
Selon la couleur des chagrins
Parfois j’esquisse des visages
De gens que je n’ai jamais lus
De ceux que je ne connais plus
De celles que je saurai peut-être
De celles que j’ai vues disparaître
De celles qui ne furent que mirages
Je mords au venin sur papier
Trop révolté par la misère
Trop écœuré des milliardaires
Collectionneurs d’insignifiances
De ces junkies de la finance
Voleurs de vie des sacrifiés
Souvent mes mots sont inutiles
Et ne décorent que l’instant
Simple plaisir du moment
Quand je vois de leurs collisions
L’angle nouveau de l’émotion
Ressortir de mes vers futiles
Suis-je poète Je n’en sais rien
Qui suis-je pour avoir un titre
Ma main soumise à mon pupitre
Capte les voix d’âmes muettes
Trace d’invisibles silhouettes
Et la feuille devient parchemin.
Si vous me lisez c’est très bien
Sans pourtant être nécessaire
L’impression de ne pas me taire
Suffit déjà à ma conscience
Fantôme fidèle des silences
Qui terrorisent mon quotidien
La pluie des mots sur le papier
La peinture sur une toile
La mélodie qui se dévoile
La scène que nous joue cet acteur
Le coup de ciseau du sculpteur
Sont nos dernières libertés
Gilles St-Onge