Le legs

Ténacité de l’éphémère

J’entends déjà le temps d’après

Chuchoter entre deux regrets

Qu’on ne gagne jamais sa guerre

Qu’il me faudra céder le pas

Or autant partir du bon pied

Quitter dans un brin de noblesse

Ne pas avoir l’impolitesse

De finir sur un pied de nez

Et m’en aller ab intestat*

Que les notaires se le disent

Ils ne me verront pas chez eux

Énumérer à l’encre bleue

La liste de mes marchandises

Banalités de l’ici-bas

La terre appartient à la terre

Comme le sourire au visage

La possession est un mirage

Une plage dans un désert

Que l’océan ne rejoint pas

Et je n’écrirai pas non plus

Le programme du dernier jour

Quand j’aurai fait mon dernier tour

J’aurai suffisamment vécu

De grâce n’en ajoutez pas

Quand un poète même mauvais

Sent sa plume lui glisser des mains

Rendu au bout du parchemin

Il sait que le travail est fait

Que tout est écrit çà et là

Mes enfants mes amis mes frères

Pour tout legs je n’ai qu’un secret

Ne laissez jamais vos regrets

Teinter l’amour d’un goût amer

Le temps ne les emporte pas

—–

*sans testament

—–

© Gilles St-Onge

<p class="has-drop-cap" value="<amp-fit-text layout="fixed-height" min-font-size="6" max-font-size="72" height="80">     Février 2021     Février 2021

Publié par

Le poète insoumis

Gilles St-Onge : Né à Montréal en 1964. Poète autodidacte. Il tient le blogue « Le poète insoumis » sur lequel il propose une poésie à la fois engagée, intimiste et critique.

6 réflexions au sujet de “Le legs”

  1. J’aime bien tout le poème , beaucoup de ces mots résonnent en moi bien que je ne saurais les écrire d’une façon si poétique …
    Mais j’aime particulièrement ceux ci
    La terre appartient à la terre

    Comme le sourire au visage

    La possession est un mirage

    Une plage dans un désert

    Que l’océan ne rejoint pas

    Et je n’écrirai pas non plus

    Le programme du dernier jour

    Quand j’aurai fait mon dernier tour

    J’aurai suffisamment vécu

    De grâce n’en ajoutez pas

    Aimé par 1 personne

  2. Loin d’un poète, je suis. La valse des mots… un bel héritage.
    Cela me fait penser à une citation « Qu’as-tu fait de ton talent? »
    J’affirme que tu exploites bien ton talent. Quelle portée ce vocabulaire!
    À la lecture de ce poème, je songe au souvenir que je souhaite laisser à mes héritiers.
    Merci de nous le partager.

    Aimé par 1 personne

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