(Paroles de sans-abri)
La foule « s’garroch » sur les terrasses
L’été icitte le soleil plombe
Ça s’cherche un drink avec d’la glace
À midi fait trent’-cinq à l’ombre
Ça ben du fun pis ça jacasse
Sur Saint‘-Cath. les touristes abondent
Même l’asphalt’ me colle aux godasses
Comm’ la misère su’ l’pauvre monde
C’te misère qui m’rit en pleine face
Depuis l’jour que j’suis v’nu au monde
L’été c’est moins dur que l’hiver
En tout cas c’est c’que les gens pensent
Comme si crever dans un désert
C’était moins pire qu’au Groenland
Tout est trop chaud jusqu’à ma bière
On est loin des tavernes d’Irlande
Moé j’quête de frig’daire en frig’daire
C’pas moé c’est ma soif qui quémande
Avec moé y’a pu rien à faire
Depuis qu’c’est ma soif qui commande
La ville nous ouv’ pas ces piscines
Nous autres on n’est pas assez propres
On fouillent les poubelles des cuisines
Des restaurateurs philanthropes
Qui entretiennent notre famine
Tant qu’on s’tient pas devant leur porte
Faut pas flâner d’vant les vitrines
Montréal aurait l’air malpropre
La pauvreté assassine
Toujours, un peu plus l’amour-propre
À tous les soirs’ j’dors au grand air
J’m’abrille avec l’humidité
J’m’endors en pensant à l’enfer
En m’disant que j’suis p’t’être damné
En me d’mandant c’que j’fais sur terre
Pis à quoi sert l’humanité
Pour me sortir de mon calvaire
J’rêve en r’gardant la Voie-Lactée
Qu’les étoil’ sont les lampadaires
Du boulevard de l’éternité
Gilles St-Onge
(Merci à Marie-Josée René et Marcelle Alizon pour leurs suggestions inspirantes)