Chopin ne joue plus assez fort
J’entends des voix dès mon réveil
J’entends des voix dans mon sommeil
Des hurlements quand je m’endors
Finie la folie de Mozart
Ne reste que son requiem
Ne reste que les chrysanthèmes
À la boutonnière des morts
Les canons des états-majors
Enterrent ceux de Pachelbel
Et les pleurs des violoncelles
Ne savent plus être d’accord
Molière ne rit plus assez fort
Pour me distraire des trop-puissants
Des criminels de leur argent
Des monstres qui n’ont jamais tort
Finis les amours de Ronsard
Les vers devenus vert de gris
Meurent sur le papier jauni
D’un recueil couleur corbillard
Et l’ivrogne au fond de son bar
Est moins assoiffé que la haine
Et le monde a mauvaise haleine
À la table des charognards
Louis ne chante pas assez fort
Pour noyer les cris de la foule
Il n’y a rien de « wonderful »
Quand la mer recrache des corps
C’est toujours les copains d’abord
Mais nous n’en faisons pas partie
Les fleurs aux canons des fusils
Se sont fanées dans le confort
Personne ne chante assez fort
Pour couvrir le bruit du silence
J’entends les voix de nos consciences
Nous dire qu’il faut se battre encore