Je te dirais « bienvenue chez-vous «
Toi qui te réfugies d’ailleurs
À toi l’exilé du malheur
Toi qui as su rester debout
Je te dirais « tu es chez-toi »
Dans ce pays Tu es mon frère
Tu trouveras sur cette terre
Tant de chaleur malgré ce froid
Nous avons gardé de nos mères
Une table prête à accueillir
Un coin de divan pour dormir
Une chanson pour les soirs d’hiver
L’étranger est une légende
Une porte ouverte sur le monde
Parfois un doute une seconde
Qui se dissout rien qu’à t’entendre
De toutes nos générations
Il n’y eut jamais de frontières
Ceux qui veulent défricher la terre
Sont ceux qui forment ma nation
Bien sûr il y a ceux qui jacassent
Et les commères informatiques
Et les vipères hystériques
Chroniqueurs pour l’élite crasse
Ils cherchent à nous embrigader
En soldat dans une fausse guerre
C’est le moyen de nous faire taire
Le temps de nous enfirouaper
Ils vont te rendre responsable
De toutes les misères du monde
De toutes les affaires immondes
De tous les crimes inavouables
Et ils te diront que c’est nous
Qui faisons preuve d’intolérance
Ils diront que notre méfiance
Vient du pays qu’on porte en nous
Ils te diront que tous les « istes »
Sont désormais tes pires ennemis
Ils nous inventeront des phobies
Des troubles d’indépendantistes
Et ils t’enseigneront l’anglais
La langue de nos occupants
Celle du pouvoir et de l’argent
La misère est un mot français
Ils ne t’apprendront pas à lire
Les mots qui sculptent ma culture
Les livres qui parlent des injures
Que Sa Majesté fait subir
Ils te protègeront des poèmes
Des mots écrits pour te parler
Et pour t’empêcher d’écouter
Leurs voix seront tes acouphènes
Il ne faut pas que tu saches
Que nous sommes prêts à t’accueillir
Dans notre rêve de construire
Un pays où tu as ta place
Ils nous tricotent des querelles
Serrées comme les ceintures fléchées
Que nos patriotes ont portées
Au temps de la France Nouvelle
Toi tu fais partie de leur plan
Lui, qui consiste à nous noyer
Sous une fausse charité
Ils préparent mon enterrement
Sois sans crainte ils ont tout prévu
Tu seras au bas de l’échelle
Tu consommeras leurs bébelles
Le jour où je ne serai plus
Car tout est affaire de commerce
Fini les peuples que des clients
Foule de robots bien-pensants
Soumis aux forces qu’ils exercent
Je te dirais « bienvenue chez-nous »
Si seulement j’étais chez-moi
Et tu te serais joint à moi
Pour bâtir un hiver plus doux
Je te dirais « bienvenue chez-moi »
Si je possédais cette terre
Et tu me serais salutaire
Si nous parlions d’une même voix
Ensemble dans une même langue
Et dans le respect qu’on se doit
Nous partagerions le mêm’ toit
À l’abri de l’assaut des Angles
Mais tu ne liras pas mon poème
Et tu ne me comprendras pas
Tu n’as que faire de mon combat
Tu auras tes propres problèmes
Car il te faudra pour manger
Trente-six métiers trente-six misères
Ceux que personne ne veut plus faire
Ici tu seras sous-traité
Tu sentiras monter la rage
Emmuré dans l’indifférence
Tu accuseras nos différences
Colportées par le mémérage
Et tu me croiras responsable
Exactement comme ils le veulent
Tu trouveras des forts en gueule
Pour te dire que je suis coupable
Les commandos de la pensée
Te construiront tout un système
Pour mieux alimenter ta haine
Sous le masque des libertés
Chacun dans son rôle est campé
Toi la victime moi le bourreau
Et toujours le même scénario
Accuser mon identité
En te voyant grandir en nombre
Des frères et des sœurs ont pris peur
Et leur discours prend la couleur
D’une société sous les décombres
Et tous les éboueurs des ondes
Les charognards et les vautours
Ne cessent de tourner autour
Des nécrophiles qui abondent
C’est cette peur de mourir
Qui t’a fait quitter ton village
C’est cette peur qui se propage
Ici face à notre avenir
Nous ne nous comprendrons jamais
Si tu n’acceptes pas la main
Que mes mots tendent ce matin
Dans un geste d’amour et de paix
Tu te protèges dans tes ghettos
Ou tu t’isoles dans ta foi
Et tu t’obstines à voir en moi
Celui qui te tourne le dos
Moi je te convie au pays
Porteur de toute l’espérance
Au terminus de l’errance
De quatre siècles de survie
Gilles St-Onge
Bravo c’est super beau
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Avec la grâce d une invite à être bien, et si possible, à être heureux, l énumération des embûches comme autant d entraves à ce même bonheur souhaité à l arrivant . Transparaît à cela, la chaleur d un accueil , en contraste avec la rudesse d un climat . Merci et bravo, Gilles . ( Que de souffrances et de non-dits, pour nous, habitants de la vieille France ! )
— enfirouaper et mémérage me ravissent , je vais consulté mes vieux dico, mais , je pense qu ils sont d essence local . —
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Merci pour ce très beau commentaire.
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Merci pour chacun de ces vers
Cette invitation a devenir Québécois
Et les difficultés que peut rencontrer le nouvel arrivant
Sur le sol de notre québec
Mais nous sommes une terre d’accueil
Nous ne nous comprendrons jamais
Si tu n’acceptes pas la main
Que mes mots tendent ce matin
Dans un geste d’amour et de paix
Tu te protèges dans tes ghettos
Ou tu t’isoles dans ta foi
Et tu t’obstines à voir en moi
Celui qui te tourne le dos
Moi je te convie au pays
Porteur de toute l’espérance
Au terminus de l’errance
De quatre siècles de survie
Cela ne pourrait être mieux dit
Merci Gilles 😊
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