Il avait dit « tout s’en va «
Léo disait « avec le temps »
J’écoutais écoutais et pourtant
Et pourtant elle est toujours là
Pourquoi la question anodine
Te souviens-tu de tes amours
Pourquoi la formule assassine
Et de ton tout premier amour
Or les larmes fossilisées
Vestiges de nos préhistoires
Trônent au musée de nos déboires
En tristes reliques exposées
Sur les ruines des précédentes
S’élèvent les neuves cités
Tour à tour plus flamboyantes
Et promesses d’éternité
Mais la terre des âmes est d’argile
Sensible à l’instabilité
Les nouveaux temples sont fragiles
Sur leurs fondations fissurées
Quand la ville redevient désert
Que le vent souffle sur le passé
L’archéologue solitaire
Retourne au village oublié
Au premier embrasement du cœur
Premiers battements, pourrait-on dire
Au tocsin de la première heure
Qui retentit sans prévenir
Il retrouve les écritures
Une croix des lettres gravées
Cicatrices de vieilles blessures
Ignorées bien plus que soignées
Il avait dit « tout s’en va »
Léo disait « avec le temps »
J’écoutais écoutais et pourtant
Et pourtant elle est toujours là
Comme un vieux souvenir de guerre
Dans un cortège de regrets
On cherche toujours sa première
Léo Léo tu te trompais
Gilles St-Onge
Mars 2018