Longeant cette rivière
Une rue désertée
Un clocher solitaire
Un commerce fermé
On entend le corbeau
Et la rumeur du vide
La musique des tombeaux
Requiem morbide
Mais où donc est la vie
Elle qui grouillait hier
Elle s’est évanouie
La jeunesse est grégaire
La ville est un cancer
Qui ronge les villages
L’attrait des lampadaires
Gagne sur les bocages
La ruralité meurt
Et la ville déborde
Mon pays si beau pleure
Ce désastreux désordre
Il reste çà et là
Une paire de godasses
Qui porte à petit pas
Une trop vieille carcasse
L’ombre d’un souvenir
Sur un passé terni
Vieux rêve qui soupire
Et nuit blanche jaunie
Des siècles de passion
Des décennies d’ardeur
Ont construit des maisons
De toutes les couleurs
Et soudain tout est gris
Et soudain tout est noir
Le village assombri
Est devenu mouroir
Ne reste que l’horloge
Pour faire passer le temps
Déjà au nécrologe
S’inscrivent les errants
Chacun attend son tour
Patient et résigné
Ressassant ses amours
À demi-oubliées
Parfois une visite
Vient perturber l’ennui
Les dimanches vont trop vite
Quand on s’appelle mamie
Une goutte de pluie
Se faufile sur les rides
La tristesse a remis
Sa parure livide
Et le village entier
Retrouve son brouillard
Jusqu’au prochain congé
Au prochain corbillard.
Les sombres défilés
Sont les derniers sursauts
De cette rue saignée
D’espoir de renouveau
Les grandes villes attirent
On cherche le profit
On cherche à s’enrichir
À n’importe quel prix
Au prix de notre histoire
Au prix de la famille
Au prix du territoire
Qu’on délaisse et gaspille
Pendant que les anciens
Sont laissés de côté
La mémoire s’éteint
Comme notre identité.
Et cette métropole
Où nous sommes des clones
Deviendra nécropole
Par pénurie d’ozone
Ce sera notre tour
D’attendre notre tour
Touchée par ce poème si nostalgique. Un jour peut-être les citadins reviendront à la campagne, en quête d’une vie plus authentique et plus sereine? Ils auront mesuré la vanité d’une recherche éperdue de fric, de pratique, de technique, de clinquant et de superficiel et reviendront se refaire des racines. Un jour… peut-être… mais encore faut-il pouvoir « gagner » sa vie…. mon village, ici, est devenu dortoir, et de ce fait il revit, les jeunes l’aiment et en apprécient la tranquillité, pour eux et leurs enfants, y font des fêtes, y créent des choses. Ne pas perdre espoir.
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