I
L’été déjà se meurt
Elle est loin mon enfance
Les feuilles de mes branches
Ont perdu leur verdeur
Elles tombent en silence
Comme ont fanées mes fleurs
Paisiblement sans heurt
Dans une douce violence
Et le poids de mes os
Et le poids de mes nuits
Et le poids de mes cris
Sont le poids de mes mots
II
Sous le grand chapiteau
Du cirque de la vie
Un vieux lion aigri
Ne joue plus au cerceau
Il quitte les tréteaux
Les « follow spots » aussi
Sa crinière prend du gris
On ne craint plus ses crocs
Et son âge ramène
Ses instincts de savane
La meute qui s’effane
Des poids morts qu’elle traîne
La nature souveraine
Est une caravane
Un défilé insane
Une course inhumaine
Une sombre caverne
Servira de refuge
Loin de ceux-là qui jugent
Sa fourrure trop terne
Le vieux lion porte en berne
Des hiers qui le grugent
Ses rêves et leurs grabuges
Les espoirs qui le bernent
Et reclus en son âme
Tente de retrouver
Tout ce qu’il a été
Tout ce qui le condamne
Ni personnage infâme
Ni une sainteté
Il vivra isolé
Portant seul ses blâmes
III
L’été déjà est mort
Mon automne s’avance
La meute se distance
Je vois venir mon sort
Et même s’il reste encore
Du temps, de l’espérance
J’entends la résonnance
Du temps qui s’évapore.
Mes vers sont le prélude
D’un si mince recueil
La mort de cet orgueil
Dont j’avais l’habitude
Je sais ma finitude
Mon arbre se défeuille
Je connais ce cercueil
Qu’on nomme solitude
Beau texte sur une triste réalité votre écrit un bel engagement
Bonne soirée amicalement
Béa
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