Rivage

Qui se ressemble s’assemble

C’est la prétention de l’adage

Pour dire que tous les coquillages

Sur le même sable se rassemblent

La mosaïque des mollusques

Qui se dévoile à marée basse

S’offre en tableau aux yeux qui passent

Paillettes que la mer débusque

Mais le sable est un tragédien

Qui joue sur la scène douceâtre

Du plus ancien des théâtres

Ses traîtres mirages kafkaïens

Toutes ces coquilles alignées

Qui par cette beauté détonnent

Comme au cimetière d’Arlington

Enterrent leur triste vérité

Dans une menteuse unité

On dispose ainsi des linceuls

De ces vies communément seules

Dans un océan sans pitié

Chacun dans ses plus beaux atours

Réfugié dans sa carapace

Vit ses heures sans laisser de traces

Dans son cercueil de velours

Le prix de la sécurité

Est un fardeau sur les épaules

De celui qui place sa geôle

Au premier rang de sa fierté

Tous les pays sont les rivages

D’une mer de la facilité

Les vagues nous y ont transportés

Nous sommes les nouveaux coquillages

Publié par

Le poète insoumis

Gilles St-Onge : Né à Montréal en 1964. Poète autodidacte. Il tient le blogue « Le poète insoumis » sur lequel il propose une poésie à la fois engagée, intimiste et critique.

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