Qui se ressemble s’assemble
C’est la prétention de l’adage
Pour dire que tous les coquillages
Sur le même sable se rassemblent
La mosaïque des mollusques
Qui se dévoile à marée basse
S’offre en tableau aux yeux qui passent
Paillettes que la mer débusque
Mais le sable est un tragédien
Qui joue sur la scène douceâtre
Du plus ancien des théâtres
Ses traîtres mirages kafkaïens
Toutes ces coquilles alignées
Qui par cette beauté détonnent
Comme au cimetière d’Arlington
Enterrent leur triste vérité
Dans une menteuse unité
On dispose ainsi des linceuls
De ces vies communément seules
Dans un océan sans pitié
Chacun dans ses plus beaux atours
Réfugié dans sa carapace
Vit ses heures sans laisser de traces
Dans son cercueil de velours
Le prix de la sécurité
Est un fardeau sur les épaules
De celui qui place sa geôle
Au premier rang de sa fierté
Tous les pays sont les rivages
D’une mer de la facilité
Les vagues nous y ont transportés
Nous sommes les nouveaux coquillages