On assiste un matin
Au départ des outardes
Triste mais résigné
Comme au chevet d’un vieux
Que l’on voit s’en aller
Sur le dernier chemin
Et qui pourtant s’attarde
Serein paisible heureux
*
Dans mon pays de glace
Aux étés rétrécis
Septembre est trop pressé
De devenir octobre
Vieilles charnières rouillées
Support de la carcasse
Des portes dont l’ennui
Lui font porter l’opprobre
*
Si juillet est léger
Ses amours sont frivoles
Rêveries passagères
Le temps des capucines
Euphories éphémères
Passions exacerbées
La joie prend son envol
Mais le bonheur piétine
*
Je laisse à mes « hiers »
L’instant des amourettes
J’ai vu trop de printemps
Se faner dans l’automne
S’effeuiller dans le vent
Au jardin des misères
De cœurs qui se désertent
Un matin monotone
***************
II
On assiste un matin
Au départ des outardes
On se met à compter
« Je ne suis pas si vieux »
On fait un pied de nez
Aux affres du destin
On nargue la Camarde
On s’offre un dernier vœu
*
S’il faut aimer encore
Que je sois revêtu
D’un manteau de toundra
Couleur de conifère
Qu’une épinette soit
Mon étoile du Nord
Et l’amour plus têtu
Que les plus longs hivers
© Gilles St-Onge