Grisaille

Le ciel est indolent

Dans le matin d’automne

Épuisée par l’été

La feuille tourbillonne

 

Pressée de s’avachir

Comme les mots s’abandonnent

Sur un divan de Perse

Dans un désert aphone

 

Les trèfles sont blanchâtres

Dans l’herbe qui frimasse

Flaques d’eau en miroirs

S’endurcissent et se glacent

 

Les outardes insouciantes

Volent malgré la chasse

Pareilles à toutes ces vies

Celles que la mort pourchasse

 

La journée se fait vieille

Et se fait plus petite

Elle courbe le dos

Comme frappée de l’arthrite

 

Elle avance lentement

À quoi bon aller vite

Les minutes sont des heures

Quand le temps décrépite

 

La nature se tait

Ne reste que le vent

Portant la morne plainte

De l’hiver qui attend

 

Préparant l’embuscade

Qui chaque fois surprend

Sournoisement novembre

Prend l’uniforme blanc

 

Le gris est à l’honneur

Tel un grand cimetière

Avec ses pierres tombales

Qui sortent de la terre

 

En fleurs de chagrin

Porte-paroles des hiers

Qu’on voudrait oublier

De peur de se défaire

 

Inévitablement

Les automnes reviennent

Chacun porte les siens

Au travers de ses veines

 

C’est un amour brisé

L’usure quotidienne

Ou un ami qui part

Un frère qui quitte la scène

Et puis l’hiver arrive

 

Dieu que l’hiver est long

Gilles St-Onge

Publié par

Le poète insoumis

Gilles St-Onge : Né à Montréal en 1964. Poète autodidacte. Il tient le blogue « Le poète insoumis » sur lequel il propose une poésie à la fois engagée, intimiste et critique.

2 réflexions au sujet de “Grisaille”

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