Le gris d’acier des yeux d’hier
Lentement perd de son éclat
C’est le strip-tease des chimères
Les rêves sous les années ploient
Le dépit use la lumière
Quand sonne l’heure du constat
Dans son fauteuil couleur verglas
Livré au fond de ses pensées
Arrêté pour la première fois
Il est le vieil homme et l’amer
Tant de travail tout ça pour ça
Pour finir en vieillard usé
Toute une vie à ravaler
À étouffer chaque colère
À respecter l’autorité
Comme disait autrefois ma mère
Comme disait monsieur le curé
Pour faire accepter la misère
Le petit confort ordinaire
Se donne des allures de roi
Dans les pauses publicitaires
Qui intoxiquent la pensée
Qui font croire que l’argent libère
Pour mieux nous garder enchaînés
Et le vieux trop tard s’aperçoit
Que lui aussi s’est fait flouer
Quand on vénère un Christ en croix
La révolte devient prière
Laissant grande ouverte la voie
Aux exploiteurs endimanchés
Soumission et honnêteté
Se confondent au même bréviaire
L’église bénit la lâcheté
Malheur à qui se tiendrait droit
La justice est pour les damnés
Les courageux vont en enfer
L’homme qui jette un œil derrière
Se condamne pour chaque fois
Où il a fermé les paupières
Devant un enfant affamé
Chargeant son Dieu de cette affaire
Pour le chasser de ses pensées
Se résigner n’est pas un droit
Le silence jamais justifié
Qu’importe ce en quoi je crois
La justice est mon ministère
L’équité mon apostolat
Ma religion la dignité
Les vieux peuvent toujours causer
Personne n’écoute les grands-papas
Tous leurs enfants sont occupés
À suivre les règles et les lois
Qui leur ont été enseignées
Par des hommes de bonne foi
Gilles St-Onge
Magnifique poème…criant de lucidité sur la triste réalité de la vie.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci
J’aimeJ’aime
Oui, ce poème est magnifique et d’une part de réalité indéniable. Merci pour vos mots, vraiment. Beaucoup de mélancolie et de nostalgie, mais qui viennent toujours toucher une part de soi.
J’aimeAimé par 1 personne