Des mains

On est si seul au fond d’son verre

Au bout d’la ligne ou du mégot

Bouffé par les remords d’hier

Rongé par ses propres ragots

*

On est tout seul au fond d’sa bière

Au cimetière des assoiffés

À graver sur sa propre pierre

Ci-gît l’homme né condamné

*

On est souvent trop seul sur terre

Pour porter sa croix son fardeau

Ses peurs ses soifs et ses misères

Tout seul au fond de son tonneau

*

On est toujours seul en enfer

À boire sa vie jusqu’à la lie

À respirer du blanc désert

À gober du faux paradis

*

Toujours seul dans sa dépendance

Malgré la foule des faux amis

Malgré tout l’amour qu’on quémande

Tout seul jusqu’à son dernier cri

*

Ce cri qui crève cet enfer

Dans lequel on est emmuré

Est entendu de l’univers

Comme celui d’un nouveau-né

*

Et tu n’es plus tout seul au monde

Des mains se tendent par dizaines

Des mains hier encore immondes

Des mains des mains…

Comme la mienne

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©Gilles St-Onge