J’irai flâner le long des quais
Errer longuement sur les plages
Regarder valser les marées
Et voir se noyer le rivage
*
J’irai pieds nus comme en vacances
Touriste éperdument perdu
Suivre des vagues la cadence
De cet incessant impromptu
*
J’irai voir quitter les bateaux
Chargés des rêves des pêcheurs
Comme jadis quand j’étais beau
Je partais à la pêche aux cœurs
*
J’irai rôder sur les falaises
Méditer devant l’estuaire
Vieillir troublé par le malaise
D’un fleuve qui meurt dans la mer
*
J’irai jusqu’au bout de la route
Comme on va au bout de sa vie
Faire le compte des déroutes
Maudire le temps qui s’enfuit
*
J’irai jusqu’au dernier village
Humer l’air salin de l’ailleurs
Et voir l’horizon sans ambages
Comme à l’heure de sa dernière heure
*
Et j’irai jusqu’au bout du monde
Et s’il le faut encore plus loin
Pour oublier une seconde
Toute l’ironie du destin
*
J’irai implorer la démence
Pour te chasser de mon esprit
Trop de toi dans trop de silence
Trop de brouillard dans cette nuit
*
J’irai où le voyage mène
Un vieux rafiot quitte la terre
Un vieux rafiot sans capitaine
Pour crier « une âme à la mer ! »
© Gilles St-Onge